La variété d’Ashby

Organiser son temps et ses tâches. Les premiers pas.

On va être honnête, tu n’as pas nécessairement besoin d’un système pour terminer ta journée de demain. Ce que tu as envie tu le sais et ce que tu dois faire te tourne inévitablement autour de la tête comme des mouches noires. Dur de l’oublier. Quoique des fois… tes tâches te reviennent en mémoire fort probablement comme un amas indifférencié. L’importance, l’urgence et le retard sont faciles à voir, et même si tu restes béat à les regarder tu finis par en avaler un de toute façon.

Alors pourquoi écrire ce que tu sais déjà? Pourquoi noter ce que ton cerveau, bien engraissé au frais de scolarité pendant des années, sait se rappeler? On martèle sans cesse (sans jamais rien citer) que l’on utilise seulement 10% de notre cerveau, faudrait bien utiliser et optimiser le reste non? Personnellement, je n’ai pas encore trouvé l’autre 90%. Jamais vu. Quand Godot me l’apportera je changerai peut-être d’idée. En attendant…

Des tâches ça préoccupent l’esprit, ça brouillent le quotidien et encombrent la légèreté de l’être. La mienne, je l’aime soutenable. Point. Mais une tâche c’est aussi l’accomplissement, la réalisation, la production, la progression. Alléger l’esprit en évitant la lâcheté de la fuite : Voilà pourquoi écrire.

La paresse au service

Derrière tout ensemble d’unités, voire liste, même plus ou moins définie, se cache une entropie. Un niveau d’auto-organisation (1)(2), inhérent à tout système, indépendant de sa valeur ou de sa pertinence. Peut-être parce que je suis un peu paresseux, j’aime utiliser ce qui existe déjà sans que j’ai eu à me forcer. Au lieu d’un ersatz fabriqué, prenons donc ce que la nature offre gratuitement sans la déranger. Pour produire le/les assemblages les moins instables, tous les éléments doivent absolument entrer en collision efficace. Le fun commence ici.

Brain dump

Le point de départ pour reprendre le dessus sur les externalités imposées, contrôler ses intrants et prioriser ses extrants. Et surtout. Dormir.

On cherche à construire des schèmes avec comme point de départ la désorganisation apparente des idées. Processus de création. L’interférence des idées est à la fois un inhibiteur de l’action et un masque à l’interprétation, causant confusion, inefficience et oublie. Entropie élevée. Et surtout, elle cache ce que l’on ne sait pas et fait ressortir les a priori de ce que l’on croit savoir. Biais du sujet. On doit donc littéralement vider le cerveau des tâches à accomplir.

Alors on écrit tout. Tout. Sortir les poubelles. Laver la pile de linge. Finaliser un rapport. Installer ton lave-vaisselle. Cotiser à ton CELI. Faire des lunchs. Réviser ton plan trimestriel (on en parlera une autre fois). Mettre tes médicaments à jour (3)(4). Magasiner tes assurances habitation. Planifier les vacances d’été. Réparer la porte qui ferme mal. Lire ton rapport de CA de condo. Apprendre le Python. Finir d’écrire ton article. Ton billet de blog. Ta thèse. Tout.

Trouver des patterns

Beaucoup de choses dans notre environnement sont cycliques, dépendantes ou redondantes. Le management de ces éléments est celui qui produira le bénéfice le plus élevé, puisqu’il structure les contraintes de base du quotidien qu’on cherche à organiser. Le cadre. Avant de commencer à réfléchir à la séquence des tâches, ou leur importance, on cherche à identifier les organisations, les structures, qui émergent d’elles-mêmes. Utiliser un niveau de lecture élevé, incluant le positionnement visuel des tâches à accomplir, est un outil puissant. Rapidement plusieurs tâches apparaissent connexes à un projet embryonnaire encore non-nommé. Certaines restent isolées mais liées par des contextes. L’assemblage par importance se voit. Et tout naturellement, en 10-20 minutes un samedi, en écoutant un TED talk ou This Old House, la semaine vient de s’organiser toute seule, sans effort, sans casse-tête.

Je mérite une sieste.

L’intuition est un piège insidieux qui, bien que parfois une plus-value, est trop souvent un réflexe caché amenant à répéter des schèmes a priori. On ne doit pas être réticent à challenger ses propres idées. Si elle sont vraiment pertinentes, uniques, elles ré-émergeront de l’auto-organisation. À ce stade on se méfie aussi du fameux Think outside the box, cette illusion marketing qui t’amène dans l’univers où tout sera original. Inusité. Réinventé. La recherche du meilleur. La fuite du bien. Ce n’est pas ce qu’on veut ici. On cherche à revenir à la base pour conduire notre quotidien avec cohérence. Pas se prendre pour Elon Musk. À terme, lorsque tout ce processus se fera avec une plus grande fluidité, c’est là où les capacités qualitatives pourront prendre effet.

Complexe vs compliqué

Vient inévitablement le moment où l’un s’interroge sur la nécessité de réfléchir si longuement à une méthode qui devrait en fait transpirer la simplicité. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? Pitié. Pas encore ce marronnier linguistique malmené. Contrairement au compliqué, la complexité et la simplicité ne sont pas mutuellement exclusives. La première traduit les fondements d’un schème de pensée qui, pour être utilisé simplement, doit être pleinement intégré sous tous ses aspects, lesquels doivent être analysés en profondeur pour être assimilés. La simplicité émerge de la compréhension d’un outil complexe. Sa puissance finale prend alors effet dans son intégration globale, pas seulement sur une semaine, ou lors de sa première utilisation. Dans sa récurrence. Son assiduité. Sa fluidité.

Je t’entends déjà certains venir me raconter à quel point ça peut sembler être un overkill de gestion. De la pure geekness managériale. À court terme on pourrait comprendre l’un de passer à autre chose. N’hésite pas à revenir m’écrire quand viendra le temps d’intégrer les planifications mensuelles/trimestrielles/annuelles, les vacances et leur inévitable synchronisation garderie fermée/travail/famille, les rapports d’étapes financières, la maison que tu vas acheter ou rénover, les multiples projets nommés « plus tard» qui flirtent avec la nostalgie,  le rush des cotisations REER, la rentrée scolaire, les projets professionnels qui empiètent sur le temps à la maison, la gouttière qui déborde, le frigidaire qui pue, le Rotavirus que la visite a oublié chez toi…

En attendant, à date en 2016 :

Tu n’as pas lunché au resto parce que tu n’avais pas préparé ton lunch?

Dépassé la date de paiement d’aucune facture?

Réservé ta place au garage pour les pneus d’été?

Envoyé tous tes mémos?

Respecté ton horaire de gym ou de jogging?

Évalué ton budget de février?

Fini la 4e saison de House of Cards?

Fait tes impôts?

Appelé ta mère plus qu’une fois? (ça fête ne compte pas)

C’est ce que je pensais.

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